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Sélectionner des plants dans différents contexte: le conventionnel et le bio

Les perspectives de la sélection de plants cultivés en bio ne sont pas identiques à ceux d’une parcelle en conventionnel. On appelle conventionnelles, les méthodes culturales qui s’appuient sur des produits de synthèse pour nourrir et protéger la culture. En adoptant des cadres différents, on aboutira à des plants qui n’ont pas tout à fait le même historique et les même aptitudes.

Les plants sélectionnés en conventionnel sont finalement ceux qui répondent le mieux aux traitements et aux engrais prodigués. Ils sont aptes à vivre avec, et même, à intégrer les produits de synthèse. Ils y réagissent et satisfont le résultat attendu. Ce ne sont pas les plants qui ont la plus grande connexion intime avec leur milieu. Eric Petiot et Patrick Goater démontrent combien l’utilisation d’engrais de synthèse met au chômage technique les micro-organismes du sol dédiés à l’alimentation des plants*. En se substituant aux interactions naturelles, on crée un système fermé. Dans ces cas là, on sélectionne davantage des plants qui répondent à une pratique culturale, plutôt que des plants connectés à un milieu. A l’inverse, là où l’accompagnement phytosanitaire favorise l’échange des plants avec leur environnement, la sélection aura plus de valeur terroir. De même, dans une parcelle où les plants ont dû trouver des solutions pour s’adapter au milieu et à son climat, on sélectionne des plants durables, qui ont intégré en eux-mêmes la solution.

Faire une différenciation entre ces deux contextes permet de rappeler que le geste de la Sélection n’est pas neutre. La Sélection est toujours une réponse à une vision qui peut être par exemple la réponse à une agriculture de produits. Dans ce cas là, nous choisissons des plants qui y résistent et les intègrent facilement. Mais nous pouvons aussi sélectionner dans le but de renforcer le végétal et le rendre plus autonome en lui reconnaissant la responsabilité de sa propre évolution et adaptation au milieu. Sélectionner dans des contextes différents demande à en prendre note pour ne pas biaiser la pertinence de chacune.

Si aujourd’hui les deux pratiques cohabitent, mettre en lumière le principe d’autonomie des plants est sûrement un avantage pour favoriser la co-évolution des plants avec un milieu. Celui-ci fait face à l’option de garder le contrôle sur cette évolution dont nous n’avons pas tous les paramètres. Il s’agit alors de faire ou non confiance en la capacité de la Nature à s’adapter et à se régénérer ainsi qu’en nos capacités à le percevoir et à l’accompagner.


*Eric Petiot et Patrick Goater, Les alternatives biologiques aux pesticides, solutions naturelle au jardin et en agriculture, 2020


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