La Vigne et la Création variétale: une question complexe.

Face aux dépérissements et aux multiples signes d’affaiblissement du végétal dans les vignes, quels sont les moyens à disposition pour renouveler le matériel végétal de notre vignoble?
Il est curieux que, contrairement à d’autres cultures, la création variétale n'ait pas la même dynamique pour la viticulture. En effet, les deux grandes créations variétales concernent d’une part les clones, d’autre part les cépages résistants.
Le contexte de la création clonale est d’assurer des plants non porteurs de maladies et présentant des caractéristiques culturales et de production homogènes. Le but est de contribuer à améliorer le matériel végétal tout en conservant les caractéristiques et l'identité du cépage. La diffusion des clones permet de figer les caractéristiques d’un cépages en terme de rendement, de taux de sucre, d’arômes ou d’acidité potentiel. Cette recherche précise autour du cépage a permis au domaine de diminuer l’inconnu sur leur produit final. Cependant, on ne sait pas ce que cela a permis en terme de différenciation et de terroir et de dégustation. Cette création variétale ne sort pas du registre des cépages connus déjà cultivés et sa dynamique de création est assez peu soutenus. En effet, si en 2018, étaient annoncés l’agrément de 42 cépages, on en compte 16 testés de façon approfondie, tandis que le reste est agréé uniquement sur la base de leur état sanitaire. (Source IFV: https://www.vignevin.com/innovation-varietale/clones-agrees/).
Depuis quelques années, une nouvelle fenêtre s’est ouverte dans la création variétale, celle des cépages résistants. Ces derniers sont obtenus en combinant des facteurs de résistance de la vigne sauvage américaine ou asiatique à la vigne européenne. Les cépages résistants sont créés pour répondre à la réduction d’utilisation des produits phytosanitaires. Ils ne nécessiteraient plus ou très peu de passage de produits de protection pour mener à bien leur culture. Ils marquent une rupture franche avec les cépages de terroir cultivés jusque lors.
Ces cépages-terroir sont dits plus sensibles aux maladies cryptogamiques (sans qu’on prenne en compte l’appauvrissement du milieu dans lesquels ils sont cultivés et la perte de biodiversité végétale et microbienne). Actuellement en proie à un dépérissement croissant, ils n’en restent pas moins les marqueurs d’une histoire intime de l’homme avec son milieu. Ils ne sont pas cultivés juste pour produire du vin, mais pour véhiculer une part de l’histoire, de la culture, des gestes et de l’historique local, trouvés après des recherches séculaires.
C’est pour cela que la viticulture fait preuve d’un certain conservatisme et porte à bout de bras un patrimoine qui la distingue des autres pays producteurs de vin. Si la création variétale est assez faible dans ce secteur c’est que la vigne n’est pas juste une culture, elle fait parti de la Culture. Aujourd’hui, cela peut paraître une aberration de ne pas passer à une autre façon de cultiver en ne faisant pas évoluer les cépages. Et pourtant cela devient une évidence quand nous considérons l’identité culturelle dont ils sont porteurs.
Aujourd’hui la question est donc bien plus complexe: comment préserver le patrimoine vivant des terroirs tout en le régénérant?