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Cycle végétal vigne - Lecture d'hiver


Les feuilles sont tombées. Une à une ou toutes d’un coup, ne laissant plus que les bois. La vigne est à nue, découvrant sa carcasse, son squelette carboné, sa substant moelle.

Elle n’a plus rien à cacher, elle est tout ce qui reste de la saison passée. Que peut-on y voir? Sa vigueur, l’ensemble des bois, leur diamètre, leur couleur (noir de mildiou pour certains, jaune pour le grenache, rouge pour les moins lignifiés). On y verra aussi les coupes plus ou moins nettes des rogneuses ou les apex séchés.

Les jeunes rameaux tendres du printemps se sont lignifiés. Ils ont produit du bois comme protection de leur moelle dans le but de s’expandre. Quand on parle de mise en réserve c’est bien ce qui se passe dans la lignification. Contrairement à la fleur annuelle qui finit sa formation par le processus floral, l’arbre protège les prochaines pousses hors du sol sous la forme de bourgeons.


“Ces bourgeons peuvent être considérés comme des graines implantées par la plante-mère, donnant naissance à toute une colonie de plantes-sœurs individuelles, ajoutant chaque année un étage à l’édifice organique que constitue l’arbre.” Ernst Zürcher


La vigne a fait des réserves pour repartir des bourgeons, constitués de l’embryon de la tige télescopiquement comprimée et comportant les ébauches des organes. Il ne reste plus que des bourgeons en hauteur qui forment une prairie en hauteur, en périphérie de la couronne. En hiver, les bois nous rappellent que le soin aux bourgeons est primordial car la récolte à venir est déjà en grande partie conditionnée par la saison en cours, celles où se forment les bourgeons à chaque mérithalle.


Si la vigne a préparé son expansion, cette dernière n'est pas recherchée car elle ne permet pas d’obtenir des baies juteuses aux arômes complexes. Vient donc le temps de la taille, celle qui vient rabattre, tout en respectant sa nature de liane. A cette période, on s’intéresse donc aux flux de sève, certains sont extrêmement fins mais continuent d'alimenter des plants imposants. Malgré les tailles successives et les nécroses, le flux se fraye toujours un chemin tant que des canaux restent ouverts. Il se contorsionne pour alimenter les coursons du plant. Si la taille est toujours un moment où l’on abîme le plant, concentrer les nécroses sur la partie supérieure et veiller à conserver le flux qui alimentera les bourgeons permet de sculpter des plants durables et sains. Si malheureusement de l’esca était visible en symptôme foliaire il y a de bonne chance de la retrouver sous forme d’amadou dans les plants.


Le bois de la vigne rendu au sol à la taille redonne une grande partie du carbone, participant à la forme la plus stable du sol, l’humus. Cependant, il faut être certain d’une très bonne activité biologique pour que les bois se désintègrent d’une saison à l’autre sans former de la matière organique fossilisée. Si le broyage vient accentuer la dégradation des bois, ce n’est pas ce qui vous augmentera la fertilité ou l'activité biologique du sol. Il contribuera à la formation d’une couche supplémentaire évitant l’érosion des autres éléments qui le composent, il viendra ajouter de l’espace pour le déploiement racinaire et une bien meilleure rétention de l’eau.


Si peu de choses visibles se passent dans les vignes en hiver, il y a beaucoup à considérer pour soigner ses bois, son sol et la taille de ses plants. La santé de l’écosystème viticole se prépare en avance, à chaque étape. Le cycle de l’hiver ralentit le rythme des végétaux et le nôtre aussi, nous laissant le temps de considérer les changements et les améliorations que nous voulons apporter à nos cultures.


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